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La Creuse fait partie de ces pays qui ne peuvent s’apprécier qu’en prenant le temps de s’y attarder. Contrée de prés, de bois, de friches et de tourbières, elle pourrait presque, au premier abord, paraître monotone à qui la survole, la traverse à la va-vite, l’appréhende de loin, à trop grande échelle. C’est que sa richesse réside ailleurs que dans le spectaculaire de ces panoramas qui sautent aux yeux comme une évidence. Ici, la beauté se déniche au contraire dans les nuances, dans la transition vers l’infiniment petit. On y accède en étant patient, en réduisant d’abord la focale pour descendre dans les plis intimes de son paysage. Dans les creux de la Creuse. Alors, le long d’un ruisseau qui tintinnabule au fond d’un vallon discret, au bord d’un chemin tout bruissant d’oiseaux, le charme opère, à coup sûr !

C’est au cœur de cette vieille terre, exigeante mais généreuse pour qui sait la mériter, que se trouve la Petite Seigneurie. Nichée dans le bocage creusois, à quelques kilomètres de la N145 – ce qui la rend accessible tout en préservant son isolement – cette ancienne bâtisse peut se targuer d’une architecture typique et d’une longue histoire. Celle qui nous est connue remonte à 1563, date à laquelle le terrier (c’est-à-dire le dénombrement des droits seigneuriaux) fut fait au profit du noble François de Meillard, écuyer, seigneur des Mas.

Après avoir changé plusieurs fois de main, l’ensemble des bâtiments et les droits seigneuriaux qui lui sont associés reviennent finalement, en 1780, à Messire Louis François marquis de la Celle, seigneur déjà de plusieurs places aux alentours. Il est possible que ce puissant seigneur cessât d’utiliser la maison comme habitation et s’en servit dès lors plutôt comme ″bureau″, afin de gérer les terres du domaine.

A l’époque, tous les bâtiments étaient couverts de paille.

Aujourd’hui, outre la maison baptisée ″La Petite Seigneurie″, subsiste de l’ensemble des bâtiments d’exploitation, la tour Meillard ″en face de tour en rond″ (ainsi décrite en 1780), bâtiment rectangulaire aux angles arrondis dont le bas à usage de cave a servi aussi d’étable à certaines époques et les trois étages de greniers superposés.

Terre de travail, de créativité et d’inspiration pour de nombreux artistes, la Creuse est aussi pays de calme et de vie intérieure pour les gens du silence.